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Les agriculteurs de la vallée du Cher sinistrés par la sécheresse
La FDSEA a souhaité faire le point sur le dossier sécheresse dans le département et plus précisément sur la Vallée du Cher qui a subi des pertes énormes et continue encore de subir de plein fouet les conséquences de cet aléa climatique.
Le constat sept mois après l’action faite sur l’exploitation des époux Mauzat au Brethon, n’est pas réjouissant. Le secteur de la Vallée du Cher est particulièrement touché par la sécheresse, en effet, les orages de la fin d’été furent très localisés et ne se sont pas étendus à l’ensemble du département, les réserves n’ont pas été reconstituées et le fourrage a manqué de façon sévère pour toute cette région.
L’exploitation de Catherine et de Gilles Mauzat est une exploitation type élevage, le manque de récoltes dû à la sécheresse a obligé ces éleveurs à racheter pour plus de 40 000 euros de fourrage et ils ne sont pas les seuls. La plupart des fermes voisines ont du engager des dépenses considérables afin de palier à ce manque.
Rappelons que les enquêtes du printemps avaient déterminé un taux de perte de 30 %, que celui-ci était passé à 47 % à l’automne. Les aides sont intervenues, avec une première enveloppe d’un montant de 11 millions d’euros pour l’Allier, puis de 18 millions avec des versements s’échelonnant du 15/09/11 au 25/01/12. Ces aides, mêmes si elles ont été conséquentes, n’ont pas permis à nombres d’exploitations déjà fragilisées par la crise de faire face à des dépenses excessives sur des trésoreries déjà négatives. Plus graves, certaines productions ont été exclues, comme les céréales dont le risque climatique est assurable.
Marie-Jo Chassing du conseil régional, représentant Guy Chambefort, a annoncé qu’une aide de 400 € environ devait être distribuée accompagnée d’une aide au fourrage, ridicule selon certains, mais le budget des régions est limité et l’enveloppe ne peut être plus importante pour ce secteur. Même problématique pour le conseil général, Alain Lognon vice-président, constate un désengagement de l’Etat au profit des collectivités territoriales qui n’ont pas les budgets pour défendre leur agriculture locale. Selon Francois Cassany, représentant le Député Jean Mallot, il y a une dérive du fonds des calamités, l’Etat pousse les agriculteurs à s’assurer contre les risques climatiques afin d’éviter de financer.
La gestion de la sécheresse dans le département a été catastrophique s’exclame Bruno VIF, président de la FDSEA, « nous étions l’un des seuls syndicats a demandé l’interdiction de broyage qui a été refusé par l’ancien Préfet », cette interdiction devrait être nationale, et automatique dans les départements sinistrés selon Alain Lognon.
Sans compter que le comité sécheresse n’a pas su gérer cette crise convenablement, du coup certains se sont organisés afin d’avoir de la paille moins chère et surtout de bonne qualité.
Le CER France Bourbonnais présentant le bilan des époux Mauzat, a constaté que depuis août dernier, pour financer les achats de paille, ceux-ci ont dû recourir à un crédit et un autofinancement, alors que certains prêts étaient terminés de payer. « si nous avions su plusieurs mois avant ce qui nous attendait, nous aurions peut-être tout abandonné » s’exclame Catherine Mauzat. Cette sécheresse n’a fait qu’aggraver la situation, déjà préoccupante, certains agriculteurs ne pouvant plus faire face à leurs dettes, certains se retrouvent acculés par des relances de paiement, notamment ceux de la MSA, qui n’hésite pas employer des moyens radicaux et intimidants.
Malgré tout, selon le Jean Pierre BOUGEROL du Crédit Agricole, peu de prêts de trésorerie ont été contractés, les EBE ne sont pas mauvais dans le département, mais attention ils ne concernent pas tout le monde et la crise continue. Jean Louis Grener, Président de la section bovine au sein de la FDSEA, estime que la situation va être catastrophique si les conditions climatiques ne sont pas favorables au printemps.
Pour conclure, Bruno VIF, demande aux OPA de gérer les dossiers des agriculteurs au cas par cas, notamment ceux de la Vallée du Cher, afin de trouver des solutions. Colette AUGER de Groupama précise, que les agriculteurs en grande difficultés ont été contactés afin d’aménager des échéanciers et revoir leur contrat. Jean Pierre Bougerol évoque peut-être une année blanche.
Mais il ne faut pas oublier qu’à la sécheresse s’ajoute depuis plus de 4 années, des hausses de charges, de coûts de production. Que la gestion de la crise est un dossier qui demande des mesures plus concrètes, plus importantes, une prise en compte de la détresse de ceux qui tentent de vivre de leur métier. Un agriculteur n’est un pas « un numéro », c’est un être humain. Selon le secrétaire général, Jean Claude Depoil « un agriculteur qui se suicide ce n’est pas un suicide mais un assassinat ! »
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