18 ans de politique néolibérale : multiples choix en faveur de la dérégulation des filières, oubli de l’intérêt collectif des agriculteurs et des territoires, décisions prises au profit d’une poignée d’individus… et des conséquences alarmantes ! Entre autres, nous sommes de moins en moins nombreux à exercer et défendre notre métier. Pour garantir la préservation des agriculteurs dans les campagnes, l’appui à l’installation des jeunes vous concerne tous.

Spécialiser et agrandir ! Au lieu d’installer !

La majorité sortante de la Chambre d’agriculture a silencieusement organisé la spécialisation et l’agrandissement des exploitations de l’Allier pendant ses mandatures successives. Nous rendant de plus en plus dépendants de l’amont et de l’aval, des grands groupes de fournisseurs et des industriels agroalimentaires, ils ont placé les producteurs parmi les premières victimes des fluctuations des marchés financiers. Avec les crises boursières successives et la spéculation sur les matières premières, l’agriculture est aujourd’hui profondément déstabilisée. Personne ne peut plus prévoir de quoi sera fait demain… coûts des aliments qui ne cessent d’augmenter, cours de la viande instables, prix des carburants croissant…

Il faut savoir que l’équipe qui arrive en tête aux élections Chambre d’agriculture maîtrise automatiquement tous les leviers qui pilotent l’installation. C'est-à-dire qu’elle contrôle les choix de la Safer, elle est majoritaire en CDOA, constitue des dossiers d’installation, etc. D’où l’importance du choix de la politique à mener pour les six prochaine années.

Au travers de diverses décisions prises, la diversité des structures agricoles a été gravement compromise. Les exploitations se sont spécialisées dans les productions « bovins viande » et « grandes cultures » à près de 58%. Les filières se sont organisées dans l’Allier autour de ces deux dominantes au détriment des autres secteurs de production et notamment, de la production laitière qui représente aujourd’hui moins de 2% des exploitations. La fermeture logique des entreprises laitières du secteur marque la fin de la collecte du lait produit sur notre département et bientôt, si rien ne change, la disparition des producteurs laitiers de l’Allier. Alors que des trajectoires différentes auraient pu conduire le département à tirer partie de sa position géographique avantageuse et valoriser ses différentes productions, les politiques mises en place nous emmènent droit dans le mur de la dépendance à une filière monopolistique.

De plus, l’accès aux terres reste aujourd’hui à la base de l’installation. Une volonté de la part des commissions de représentants agricoles pourrait déterminer les règles d’un partage équitable du foncier entre les besoins des agriculteurs en activité et les porteurs de projets. La Chambre d’agriculture a par ailleurs le devoir d’orienter les investisseurs vers le soutien à l’installation par l’apport de capitaux et/ou de foncier, et de mettre tout en œuvre pour que ces fonds n’aillent pas alimenter la spéculation qui pénalise particulièrement les jeunes en phase d’installation. La Safer pourrait jouer un rôle primordial en exerçant son droit de préemption avec révision de prix : découragement de la spéculation, maîtrise des cours… D’autant plus qu’il est intéressant de rappeler que la présidence du comité technique départemental de la Safer est assurée par la Chambre d’agriculture…

Enfin, une plus forte implication des agriculteurs dans les formations agricoles, plutôt que la présence systématique des « agro-groupes » (semences, intrants, coopératives…) permettrait d’orienter les jeunes à s’installer sur des structures modernes, indépendantes et autonomes.

Une « union nouvelle » pour un nouvel horizon

Le bilan de l’absence de politique départementale d’installation menée depuis plus de dix ans est sans appel. Le nombre d’exploitations agricoles du département a été réduit de 25%* entre 2000 et 2010. Parallèlement, l’âge moyen des exploitants augmente et plus des 2/3 d’entre eux ne connaissent pas de repreneurs. Par manque de jeunes installés, les conséquences sur la vie des territoires ruraux sont désastreuses : fermeture des écoles, des bureaux de poste, des commerces de proximité…

Seules de nouvelles orientations départementales des activités agricoles pourront inverser cette tendance à la désertification de nos campagnes. La réhabilitation d’une véritable politique d’installation nous paraît indispensable pour l’avenir de notre métier. L’accueil de tous les porteurs de projets est incontournable pour redonner vie aux territoires. L’accompagnement et le suivi des candidats et des nouveaux installés ont été sacrifiés au profit de l’appui à l’agrandissement et à la spécialisation. Le développement d’une véritable politique d’installation permettra de rajeunir la population agricole, de maintenir les activités en milieu rural et de limiter la baisse continue du nombre d’exploitants.

L’installation d’un jeune agriculteur, dans le cadre familial et encore plus hors-cadre, n’est jamais une facilité. En plus des éléments incontournables déjà cités (formation, financement, accès au foncier), elle demande une volonté locale d’accueillir ce nouvel arrivant. Pour qu’une installation soit possible, et réussie, il faut créer une dynamique qui passe par la réservation du foncier, l’accueil dans la Cuma locale, dans le groupe d’entraide… Il est simple de constater que l’équipe actuelle a privilégié le « laisser-faire » qui a permis la disparition complète d’exploitation pourtant viable. À nous d’insuffler une nouvelle énergie pour rendre évidente localement la solution de l’installation face à la facilité de la restructuration !

*7338 exploitations agricoles en 2000, elles ne sont plus que 5523 en 2010.

Source : Agreste Auvergne – Mémento 2012